Sommaruga très empruntée face à l’Espagne

JusticeMadrid demande l’extradition d’une politicienne basque qui soutenait l’ETA. Dilemme pour la ministre de la Justice: elle aurait été torturée dans les geôles espagnoles. (24 heures suisse, 10.06.2016)

Va-t-on vivre un nouveau cas Roman Polanski en Suisse? En effet, selon le Blick, la ministre suisse de la Justice, Simonetta Sommaruga, a reçu une demande d’extradition en bonne et due forme de la part de l’Espagne, à l’encontre d’une politicienne basque, condamnée à près de 7 ans de prison en 2009 pour avoir soutenu l’organisation terroriste ETA, via la fabrication notamment de faux passeports.

Nekane Txapartegi, 43 ans, a fui il y a 7 ans en Suisse, où elle a vécu sans papiers et sous un faux nom. Un mandat d’arrêt international avait été lancé contre elle par l’Espagne en 2012 et elle a été arrêtée début avril à l’aéoport de Zurich, selon le quotidien. La Basque se trouve actuellement en détention en attendant que son sort soit réglé. Et elle s’oppose de toutes ses forces à son renvoi. A tel point que ses avocats ont même déposé une demande d’asile en Suisse.

Torture et sévices

Pour quelles raisons? Parce que ses confessions, qui ont conduit la justice espagnole à la condamner, auraient été extorquées sous la torture, raconte le Blick. Elle aurait en effet subi des sévices pendant 5 jours après son arrestation en mars 1999. Elle aurait été quasiment étouffée avec un sac plastique, violée et brutalement battue. Elle aurait également subi des électrochocs et même un simulacre d’exécution. Des médecins qui l’ont examinée ont indiqué que ses blessures coïncidaient avec ses dires.

Du coup, pour les défenseurs de Nekane Txapartegi, celle-ci ne peut pas être renvoyée en Espagne. Car la Convention contre la torture et la Convention européenne des droits de l’homme interdisent toute extradition lorsque la demande est fondée sur la base d’aveux obtenus sous la torture.

Simonetta Sommaruga est donc bien empruntée. Soit elle accepte la demande d’extradition au risque de violer la Convention européenne des Droits de l’homme, soit elle refuse et accuse donc implicitement, un des Etats membres de l’UE, soit l’Espagne, de pratiquer la torture.

http://www.24heures.ch/suisse/sommaruga-tres-empruntee-face-espagne/story/25194009